En peinture, le cadre évoque le bord externe de la toile et, à ce titre, participe pleinement à l’œuvre réalisée par l’artiste. C’est pareil dans le champ psychanalytique, sauf que, dans ce contexte de l’intime, le cadre se complexifie dans les méandres de la relation transféro — contre-transférentielle inconsciente.
Le cadre psychanalytique défini par Freud induit des processus psychiques semblables à ceux qui régissent le rêve. Jour / nuit, manifeste / latent, est le recto / verso « princeps » du cadre analytique. S’ensuit l’alternance présence / absence, dedans / dehors, actif / passif, régie par la dualité pulsionnelle amour / haine.
Au cours de ce module, nous revisiterons diverses théories psychanalytiques du cadre, leur modélisation et l’évolution de la théorie de la technique qui en découle. Nous discuterons ses fondements ainsi que la complexité, voire la paradoxalité de son rôle, sans oublier de prendre en considération ses possibles flottements et défaillances. La théorie prendra sens en résonance avec la clinique que nous questionnerons à travers la constance et les variations recto/verso du cadre, la fixité nécessaire de ses limites autant que l’utilité de ses ré-aménagements, ponctuels ou durables.
PREREQUIS :
Psychothérapie d’orientation psychanalytique ou psychanalyse personnelle en cours
Deux psychothérapies supervisées ou en supervision
FORMATEURS: Nathalie Ryser (EFPP), Jaqueline Notz (CPL), Jean-Pierre Waber (CPL), Christine Du Pasquier (EFPP)
LIEU: CPL, Av. Gare 10, Lausanne
PRIX : 1000 CHF par module
NOMBRES DE PLACES : 12
INSCRIPTIONS : c.dupasquier.c@svmed.ch
HORAIRE: 8h30 – 17h00 du lundi 19 au jeudi 22 août 2019.
RECONNAISSANCE :
30h de formation reconnue
Pour la formation continue par les associations professionnelles:
Dans le cadre de la formation post-grade, module libre de 30 heures dans le cadre du MAS décerné conjointement par les Universités de Lausanne et de Genève et accrédité par l’OFSP.
Le module propose chaque jour 4 temps de travail:
- Exploration clinique par le psychodrame: Les participants présentent des vignettes cliniques mettant en scène patient et thérapeute à propos desquelles des réflexions techniques sont esquissées dans le jeu et par le groupe, sous la forme d’un psychodrame où la séance est mise en scène.
- Approche théorique: Théoriquement, le recto du cadre externe (qui instaure le dispositif contractuel du « setting » thérapeutique) se conjugue avec le verso du cadre interne (désignant la fonction pare-excitante et tiercéisante du thérapeute). L’unité de lieu et de temps du cadre thérapeutique favorise le déploiement du processus thérapeutique: entre le « recto » et le « verso » du cadre, s’ouvre une interface propice à la rencontre entre deux mondes psychiques, d’accord pour inter-agir dans l’asymétrie de la relation psychothérapeutique.
Or, dans la clinique contemporaine, dès lors que le dedans est vécu comme manipulé par le dehors, lorsque la référence est davantage intersubjective qu’intrapsychique, la dynamique du transfert s’emballe sans préavis, déborde le cadre, lui résiste, s’en échappe ou le provoque par folle idéalisation et négativité: aux transgressions plus souvent agies que fantasmées, aux attaques sadisantes du cadre de la part du patient, le psychothérapeute répond / traduit par des interprétations (formulées ou rêvées), mais bien souvent aussi via des aménagements du cadre: recto en rapport avec les variations du setting, verso en lien avec la transitionalité et l’utilisation de l’objet.
En effet, chez le sujet atteint d’une souffrance narcissique-identitaire, les règles du jeu définies par la règle fondamentale génèrent d’importantes tensions psychiques qui ébranlent le cadre par la violence des affects mobilisés par le dispositif même. Parfois jusqu’à la rupture de l’alliance thérapeutique. Un investissement transférentiel si exacerbé exige une rigueur contre-transférentielle particulière (face à la mise à l’épreuve de l’abstinence et de la neutralité bienveillante), mais aussi la souplesse d’une empathie bien tempérée (le « sentir avec » de l’objet secourable) afin de favoriser, tant que faire se peut, l’appropriation subjective d’un cadre protecteur chez le patient invité à (re)trouver le plaisir du penser / rêver. - A l’écoute du psychothérapeute: Chaque jour, une séance est présentée en détail. Le psychothérapeute et ses interventions seront au centre de l’intérêt, pour que le groupe puisse construire des hypothèses sur ce qui caractérise la façon d’écouter du psychothérapeute.
- Découverte de deux auteurs: René Roussillon et Gérard Bayle.
Bibliographie
Cours :
- Roussillon R., « La problématique du cadre », in Logiques et archéologiques du cadre psychanalytique, Puf, 2007, p. 9-45
- Bleger J. , « Psychanalyse du cadre psychanalytique », in Crise, rupture et dépassement, Dunod, 1979, p. 255-285
- Bayle G., « Les soins du cadre », in Epître aux insensés, Puf, 1998, p. 155-164
- Green A., « Cadre, thérapeutique et structures psychiques », p. 245-257
Séminaires :
- Roussillon R., « Les jeux du cadre », in Logiques et archéologiques du cadre psychanalytique, Puf, 2007, p 185-200
- Donnet J-L , « Le divan bien tempéré», in Divan tempéré, Le fil Rouge, p. 75-111
- Dispaux M-F, « Cadre et processus analytique : l’apport des face-à-face », in Psychanalyse et Psychothérapies, Ed. in Press, 2003, 47-61
- Ferrant A., « Le cadre environnement et son rythme », in Cadre(s) et théorie(s) en psychosomatique, Actualités psychosomatiques 2008/Numéro 11, Ed Georg, Paris 2008, p.13-29